Six ans après Crescent Hôtel, un album alors encensé par des critiques élogieuses, Antoine Bataille nous propose une nouvelle épopée musicale. Dès les premières notes de “Suspendus”, porte d’entrée vers la Forêt d’Antoine Bataille, une multitude d’images à la beauté sombre s’imposent. Elles se renouvellent, parfois en prenant un éclat plus lumineux, sur tous les titres de cet album, un nouveau chapitre qui vient compléter une œuvre déjà dense. Qualifier la musique de l’artiste n’est pas chose aisée.
Chanson rock littéraire pourrait être la plus fidèle description, tant la tension et les arrangements répondent de manière incandescente aux textes travaillés, ciselés, taillés dans le granit de la métaphore.
Entre musique foisonnante à tendance électronique, poésie pure et ambiance mystérieuse, Antoine Bataille nous propose d’arpenter des sentiers trop peu connus dans le paysage musical français actuel.
Au fil des chansons, cette balade en Forêt s’avère passionnante, surprenante, vertigineuse aussi parfois comme sur “Ode au doute” qui s’écoute autant avec les oreilles qu’avec les tripes. Organique et synthétique, acoustique et électrique, la musique d’Antoine Bataille n’a d’autre but que celui d’explorer, encore et toujours. Il n’est ici pas uniquement question d’élégance littéraire : la musique du multi instrumentiste a aussi quelque chose de sauvage, de viscéral comme sur “Séquoias” et sa folie douce tout en arythmie compulsive. “Pire” suscite ensuite une forme de mélancolie mêlée à un climat subtilement inquiétant dans lequel on prend plaisir à se lover.
La musique d’Antoine Bataille est imprégnée d’audace et de malice. Elle donne envie de prendre des chemins de traverse à l’écoute de ces dix pièces qui forment l’album. De “Feu” et son piano encore une fois clairement cinématographique à “Alto Campoo” et son synthé surfant sur sa tessiture profonde, en passant par “Il peint” et ses accents Bashungien, le disque révèle un parti pris original, une singularité peu courante dans le paysage musical français actuel. Le véritable tour de force de Forêt est d’avoir su transformer une complexité musicale apparente en une authenticité et une simplicité désarmante de bout en bout.
Enregistré au studio RDPC avec l’ingénieure du son Alix Ewald, en compagnie du violoniste Khoa-Vu Nguyen et du vidéaste Vladimir Vatsev, Forêt confirme le talent d’Antoine Bataille, et confirme son univers si singulier. On aime se perdre dans cette forêt où rien n’est balisé, où chaque morceau ouvre le chemin des possibles de l’expérimentation musicale et de la beauté du verbe. Ce nouvel album est, à ce titre, une véritable expérience.
– Arnaud de Vaubicourt
SUR SCENE
Avec :
Khoa-vu Nguyen > violon
Tom Drevet > batterie
Lionel Coulpier > son
Jöran Antoniw > lumière
Vladimir Vatsev > vidéo
Philippe Dupont > régie générale
Tatiana Trivino > régie
Durée : 75 min
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